Valentine Ada Byron

You've got to dance little liar

☽☽ Caractère

Au premier abord, on distingue Valentine par son caractère fier et son assurance. Elle n'a aucune difficulté à faire entendre son avis et même si les débats sont pour elle une véritable source d'enrichissement, il n'est pas aisé de lui faire changer d'opinion lorsqu'elle croit dur comme fer en quelque chose. De nature calme (certains diront froide), elle sait se montrer diplomate pour faire valoir sa parole et ne s'énerve que si on l'a vraiment cherché.

Valentine exècre l'hypocrisie de la politique et de la noblesse, mais elle fait pourtant bien partie des rouages de cette sombre machination. Bien sûr, elle souhaite prendre la place sur le trône afin de régner sur le royaume, mais ce n'est pas pour une simple volonté de pouvoir. Elle pense que le royaume est trop centré sur lui-même et qu'il se tasse dans son oisiveté et sa zone de confort depuis bien trop longtemps, que les mœurs évoluent trop lentement et qu'elle serait digne de gouverner car elle a les épaules et la tête assez froide pour mener le royaume vers une prospérité certaine. Elle veut créer un empire qui évolue, plutôt que stagner dans cette monarchie qui est trop sûre de ses valeurs. 

Mais là où se pose un réel problème, c'est que les jeux de politique se font surtout par manipulation et que le mensonge est plutôt contre ses principes. Il est donc difficile pour elle se faire une place convenable entre les complots d'un côté et les lèches-botte de l'autre. Valentine n'apprécie pas l'idée de devoir user de fourberie pour arriver à ses fins. Néanmoins, lorsqu'elle tombe sur une personne malhonnête, elle a moins de difficulté à transgresser cette règle et à retourner le jeu de l'autre contre lui-même. Pour elle, la franchise et l'honnêteté sont des marques de respect, et on ne ment pas aux gens qu'on aime. Mais si quelqu'un décide de se montrer irrespectueux à son égard, elle ne voit pas pourquoi elle devrait appliquer ses principes moraux pour cette personne.

Vous aurez donc compris que Valentine n'a pas beaucoup d'amis... C'est vrai qu'entre les gens dont elle se méfie -à juste titre- et ceux qui ne supportent pas son caractère affirmé et ses valeurs morales, il lui est compliqué de trouver les alliés nécessaires à sa progression jusqu'au trône. Mais elle est assez déterminée et ambitieuse pour ne pas s'arrêter à la première difficulté. Elle qui souhaite un monde plus évolué, il lui faut s'entourer de personnes stables et sûres, quitte à prendre plus de temps pour y parvenir. Espérons juste que le pouvoir ne lui monte pas à la tête si jamais un jour elle finissait par atteindre son objectif...

Car dans le fond (et elle a du mal à le reconnaître), Valentine possède un petit complexe de supériorité qu'elle garde pour elle mais qui existe bel et bien. Elle a cette sensation d'être constamment entourée par des gens trop prévisibles, trop médiocres intellectuellement. Elle voit la plupart des gens comme des êtres insensés et stupides qui n'ont pas travaillé leurs capacités cognitives et qui manquent cruellement de lucidité sur des choses évidentes. C'est peut-être dû au fait qu'elle arrive facilement à anticiper les actions des autres. Ou simplement le fait qu'à force de ne voir que la noirceur qui existe elle est devenue un peu trop catégorique sur certaines choses. Mais Valentine ne déteste pas tout le monde, même si on pourrait le croire comme ça. Elle se fait juste une idée précise d'un monde idéal qu'elle serait apte à diriger et aimerait que les gens aspirent à devenir meilleurs, autant sur le plan moral qu'intellectuel.

Tout ceci la rend assez intransigeante avec les autres, mais elle est persuadée d'avoir raison de penser comme elle pense. C'est le problème avec les émotions et le genre humain : aussi bienveillantes que soient leurs intentions de base, ils oublient souvent de regarder les choses sous un autre angle et peuvent faire preuve de dissonance cognitive. Car lorsque leurs attitudes vont à l'encontre de leurs opinions (et de ce qu'ils estiment moral), ils finissent par modifier leurs critères juste pour être en accord avec eux-même et ne pas regarder en face l'idée qu'ils se sont peut-être trompés et qu'il n'est pas normal d'avoir trahi leur morale même pour un but qu'ils estiment juste. Ils trouveront donc des excuses et justifications à leur comportement sur le simple principe qu'ils font ça pour de bonnes raisons, et que eux "ce n'est pas pareil quand les autres le font".

Mais au fond de son cœur, Valentine est une jeune femme qui noie ses émotions pour essayer de rester lucide et impartiale, mais aussi pour se protéger de ce que ressentir pourrait lui apporter de mauvais. C'est pourtant une personne romantique dans l'âme qui aurait aimé trouver le grand amour. Mais elle s'est résignée à l'idée que l'amour pur n'existe pas et sa méfiance naturelle la rend incapable de faire réellement confiance à quelqu'un au point de lui laisser sa chance. Dans le monde dangereux de la Cour et de la politique, elle sait que les gens portent un masque et que si elle n'était pas vigilante il lui serait facile de tomber dans les bras d'une personne de mauvaise augure. De plus, son ambition dépasse ses désirs les plus profonds et elle ne pourrait prendre le risque de s'encombrer d'attachement et de perdre le contrôle pour une peine de cœur alors qu'elle envisage un destin bien plus important.

Anecdote : Valentine aime beaucoup les animaux, elle trouve leur présence agréable, relaxante et réconfortante.

Histoire ☾☾

« As long as you behave »

Née dans une famille noble de la capitale, Valentine grandit avec les meilleurs soins possibles pour lui assurer un avenir convenable. Elle reçoit une éducation importante afin d'en faire une dame cultivée : l'apprentissage est stricte, mais cela lui convient car elle est de nature curieuse et s'intéresse à beaucoup de domaines. Son instructeur essaye parfois de la limiter aux sujets principaux qui conviennent à une personne de son rang, mais en voyant qu'elle déborde d'envie d'en apprendre toujours plus, il se met à varier son enseignement et à l'introduire à tout un tas de sciences différentes (notamment la philosophie, l'astrologie, l'art et tout un tas d'autres domaines).

Malgré tout, la jeune fille sent parfois au fond d'elle l'envie d'avoir une enfance "normale" et de pouvoir jouer comme tous les autres de son âge qu'elle voit gambader dans les quartiers bourgeois et qu'elle aperçoit de l'autre côté de la rive dans les quartiers pauvres. Mais elle a conscience qu'elle est privilégiée et qu'elle a des facilités dans la vie qu'ils n'auront jamais. Alors elle reste sage, comme on lui a appris.

Son seul "caprice", si on peut appeler cela ainsi vu qu'elle demande toujours sagement, est sa volonté profonde de posséder un animal avec lequel elle pourrait créer une forte complicité, puisqu'elle a beaucoup de mal à se lier d'amitié avec les jeunes de son rang qu'elle rencontre parfois lorsqu'elle accompagne ses parents dans des soirées mondaines, chez leurs amis ou à la Cour. Mais leur refus et catégorique et elle finit par abandonner sa requête au bout d'un certain temps, voyant qu'ils ne se plieront pas à sa volonté. Un animal c'est sale, ça perd ses poils et ils ont peur que cela l'incite un peu trop à sortir et à s'agiter.

« L'honneur d'une famille s'apprécie, quand la fille se marie... Trouvant un bon parti, elle gagne la partie. »

Plongée très jeune dans un monde d'adulte, froid et difficile à comprendre, Valentine devient rapidement quelqu'un de responsable et de mature. Cependant, il lui est difficile d'accepter le fait de devoir autant contenir et enfermer ses émotions pour faire partie de la noblesse. C'est uniquement pour ne pas déshonorer sa famille et parce qu'elle a conscience de la chance qu'elle a d'être née du bon côté de la société qu'elle obéit docilement à toutes ces choses qu'elle ne cautionne pas. A l'adolescence, elle est déjà digne de son rang.

A l'âge adulte, c'est une jeune femme parfaite à marier.

Pour son vingtième anniversaire, ses parents lui offrent finalement un chien. Un petit chiot qu'elle nomme Ghost et qui deviendrait bientôt une grande bête noire, le poil court et luisant, la carrure puissante et le regard vif. Cependant elle se doute que ce cadeau n'est pas sans arrière-pensée et que si ses parents ont décidé de céder (même tardivement) à son rêve d'enfant, c'est forcément pour une raison plus obscure.

Valentine sait que le monde est mal en point, même s'il n'y paraît pas toujours de l'extérieur. Elle sait qu'il y a des inégalités, de la méchanceté, de l'égoïsme, des gens si avides de pouvoir qu'ils en oublient leur morale. Et elle sait surtout que rares sont les êtres capables de bonté désintéressée, surtout dans son milieu social. 

Elle aurait tant aimer se tromper... 

Six mois après l'arrivée de son chien dans la famille, après qu'elle ait déjà tissé un lien fort avec l'animal, ses parents lui présentent un jeune homme, fils héritier d'une autre famille noble. Valentine sait très bien où tout ceci va la conduire. Et même si le jeune homme est bien élevé, élégant et tout à fait charmant, elle sait que la demande de mariage n'est là que pour le rang social et la richesse des deux familles. Elle répond poliment à cette demande qu'il lui faut le temps d'y réfléchir, ce qui semble outrer les parents de son prétendant et mettre les siens très en colère.

C'est la première fois de sa vie qu'elle s'oppose réellement à ses parents au point d'être à la limite de se faire renier. Refuser une telle proposition n'est, selon eux, pas envisageable et pas digne de son rang. Mais Valentine ne peut pas accepter l'idée d'un mariage arrangé, d'un mariage qui convient à tout le monde sauf à elle. Peut-être qu'elle croit en l'amour, peut-être qu'elle n'y croit pas ; ce qui est sûr c'est que ça lui semble insensé de se marier pour ces raisons-là, elle sait que ce n'est pas comme cela que devraient fonctionner les choses.

La nuit après la dispute, elle s'enferme dans sa chambre et prépare un sac dans lequel elle met ses biens les plus précieux. Elle ne veut pas rester une minute de plus dans cette maison de fous où seuls le rang social et l'argent semblent avoir de l'importance, au détriment même de la logique des choses et des émotions humaines. Ghost vient frotter sa tête contre sa jambe ; il semble satisfait à l'idée d'aller se promener. Bien sûr il ne comprend pas les enjeux de tout ceci, mais sa présence est rassurante, réconfortante pour Valentine. Elle passe la laisse autour du cou de son chien en lui ordonnant de ne pas faire de bruit et s'apprête à franchir la porte d'entrée dans le silence le plus total.

Sa main se pose sur la poignée, puis elle s'immobilise.

Non... Ce n'est pas la solution. Elle ne peut pas jeter son rang et ses privilèges par la fenêtre, ce serait idiot, impulsif et irréfléchi. Si elle veut changer les choses pour le mieux et contrôler son destin ainsi que celui du royaume, elle doit accéder au pouvoir. Mais elle ne pourra le faire qu'en tant qu'héritière des Byron, avec un pied dans la noblesse, pas en devenant une vagabonde reniée par sa famille.

Après une longue inspiration lui permettant de remettre au fond d'elle ses émotions de frustration et d'ego, elle retourne dans sa chambre et défait son petit sac. Un léger rictus de moquerie envers elle-même prend place sur ses lèvres : elle réalise que les objets qu'elle avait emporté pour sa fugue n'avaient aucune utilité pour survivre et qu'elle aurait eu du mal à se débrouiller seule dans les rues, à tout bien y réfléchir. Non pas qu'elle soit sotte, loin de là, mais quand on est né avec une cuillère en argent dans la bouche on peut parfois oublier qu'il n'est pas facile pour tout le monde de se trouver à manger et de quoi dormir pour chaque jour de l'année. Non définitivement, cette fugue n'aurait pas été judicieuse du tout...

« La liberté au prix des regrets »

Quelques jours plus tard, Valentine apprend que son prétendant ainsi que sa famille n'ont pas aimé "l'affront" de les faire ainsi attendre et annulent la proposition de mariage en disant qu'il ne sera pas difficile pour eux de trouver une bonne épouse à leur fils vu leur rang et la prestance de leur aîné. Les parents de Valentine sont toujours furieux mais elle leur propose alors un compromis. Elle leur promet de les honorer avec un mariage noble et une famille importante, mais en contrepartie elle veut choisir son époux afin d'être sûre de garder le contrôle sur son couple et ainsi permettre à sa famille de conserver l'avantage et de ne pas être évincée par une autre lignée.

Elle insiste fortement sur l'intérêt qu'elle porte à la place de sa famille dans la hiérarchie sociale, parvenant à les convaincre que son idée est pour le mieux et qu'elle n'est là que pour servir les intérêts de son patronyme. La vérité c'est qu'elle cherche juste à gagner du temps sur ses obligations. Mais cette situation lui permet de réaliser une chose fondamentale : mentir est quelque chose de désagréable qu'elle espère ne pas avoir à reproduire.

Les mois passent et ses parents décident d'aller rendre visite à des amis habitant à Haut-Château. Ils essaient de la convaincre de les accompagner mais elle leur explique qu'elle a mieux à faire à la capitale et qu'il est important que quelqu'un de sa famille garde un pied ici pour suivre les affaires politiques et sociales qui se trament. 

Mais ses parents ne rentreront jamais de Haut-Château et elle l'apprendra lorsqu'un membre de la garde viendra jusque chez elle pour lui donner un rapport selon lequel un groupe de voleurs qui sévit dans la région Ouest depuis quelques temps aurait eut un débordement lors d'une attaque de calèche, celle de ses parents, et la situation aurait échappé à leur contrôle lorsqu'un des voleurs recruté récemment aurait dépassé les limites, causant la mort du couple Byron. Le groupe aurait été appréhendé quelques semaines plus tard et le chef de la bande déplorera que tuer n'a jamais été dans leurs habitudes et que s'il n'avait pas recruté le petit nouveau jamais une telle chose ne se serait produite.

C'est ainsi que Valentine devient héritière de la famille Byron. Mais cette liberté lui coûte cher en regrets, car elle aurait aimé pouvoir se réconcilier réellement avec ses parents et au moins leur dire la vérité sur le fait qu'elle n'avait pas prévu de se marier pour le rang, peut-être même de ne jamais se marier du tout. Mais elle doit maintenant vivre avec ce poids sur le cœur, cette boule dans la gorge, et surtout avec cette idée que la mort ne prévient pas avant d'arriver et que si personne n'est à l'abri, elle n'a pas de temps à perdre si elle veut atteindre son but.

Valentine rejoint donc totalement la Cour (elle en faisait déjà plus ou moins partie via ses parents), prenant la place de ses ancêtres dans la haute sphère sociale du royaume.

Son objectif se précise et s'ancre en elle d'avantage : elle doit gouverner pour le bien de l'Etat, parce qu'elle est digne de mener le royaume vers une meilleure évolution, bienveillante, car elle comprend les enjeux du monde et qu'elle est persuadée d'être capable d'utiliser le pouvoir à bon escient.