Face au grand public, Hyde est une personne chaleureuse, doté d'un fin sens de l'humour intellectuel, d'un certain charisme et d'une aura qui recouvre son auditoire. Très apprécié par ses partisans, relativement respecté par ses opposants (dans la limite hypocrite qu'offre la politique évidemment), c'est un homme politique doté d'un fort capital sympathie car le visage qu'il montre est celui d'une personne assurée et bienveillante qui ne prends ses décisions que dans le but de faire les meilleurs choix pour la population.

Avec ses amis proches, les vrais, il se montre plus direct et même s'il porte toujours un masque, il est un peu plus authentique. Son humour est un peu moins fin et plutôt noir, et lorsqu'il est suffisamment à l'aise avec une personne il se laissera un peu plus aller sur sa véritable personnalité, il hésitera moins à rire de certaines horreurs et à dire tout haut ce qu'il pense des choses. Il aime profiter des saveurs de la vie, il aime passer du temps en compagnie de ses proches, il aime aussi être le centre de l'attention (lorsque cette dernière est positive bien sûr). Cependant, il n'accorde jamais entièrement sa confiance à quelqu'un et aura toujours des réserves à se dévoiler réellement tel qu'il est ; un monstre sans cœur et arrogant au possible qui pourrait marcher sur n'importe qui du moment que cela lui profite.

Il demeure une quantité de gens qu'il n'apprécie pas mais qui sont importants dans la politique, ce pourquoi il leur accorde un nouveau masque bien spécifique ; celui de la politesse, du respect, de la sollicitude. En réalité il est surtout pompeux, abuse de son charisme et de ses qualités d'orateur, manipule aisément les plus idiots comme les plus réfléchis... Un bel hypocrite au sourire Colgate prêt à jouer la comédie pour s'attirer les bonnes grâces des autres hauts placés, surtout ceux qui lui sont supérieurs. Une bonne façon de tenir le contrôle même si il ne possède pas la position la plus haute du gouvernement.

On en vient désormais à l'attitude qu'il adopte avec les hybrides, surtout lorsque le grand public n'est pas là pour le voir. Il se montre terriblement arrogant, désagréable et supérieur avec tout ce qui n'appartient pas au genre humain. Les animaux ? C'est à leur place qu'ils doivent rester. Et s'il faut user de violence, d'humiliation ou de moquerie pour y parvenir, cela ne semble pas affecter sa conscience profonde - dans l'hypothèse qu'il en ait bien une. Ceux qui aident les hybrides ont le droit au même traitement de faveur, à savoir le mépris, l'air hautain et une absence totale de considération.

À ce stade des choses, il est possible de se demander comment il se comporte avec son reflet. Je vous répondrais qu'il est prétentieux, sûr de lui, avide de pouvoir, de richesse et de contrôle.

Alors se pourrait-il qu'il n'y ait rien de bon en lui ? Après tout, les gens comme cela existent. Mais si vous lui posez la question, il vous répondra simplement que c'est un homme qui sait ce qu'il attend de la vie et qui n'hésite pas à prendre ce qui lui revient de droit. Il ne se voit pas comme le méchant de l'histoire ; ce n'est pas le plaisir de faire du mal au autre qui le rend ainsi. Ce n'est pas ce genre de méchants. Non, c'est plutôt un opportuniste terriblement égoïste qui n'a pas de considération pour les autres et pour le mal qu'il pourrait causer. Il ne fait donc pas le mal pour faire le mal mais il se fiche bien des conséquences de ses actions sur les autres. Ce qui l'importe, c'est son bien être et sa position sociale. Autant vous dire que ce n'est pas le gars le plus chouette à fréquenter... Mais pourtant, comme tous les pourris d'en haut, il a des amis. Des connaissances. Des proches. Des gens qui ont de la sympathie pour lui et qu'il leur rend dans une certaine mesure. Lorsqu'il passe du temps avec les gens qu'il juge assez intéressants, il passe vraiment de bons moments.

Difficile de cerner cet homme aux multiples facettes, mais ce qui est sûr c'est qu'il a bien trouvé sa place chez Humanis...

Dans ses temps libres, il aime se rendre à la campagne avec quelques amis pour organiser des petites "chasses à l'hybride" avec des individus qu'il achète afin de les lâcher dans la nature et les poursuivre avec ses camarades pour leur tirer dessus avec des fusils d'airsoft ou de paintball, en fonction des humeurs. Un petit jeu répugnant et humiliant qui lui occupe bien ses week-ends. Lui ne voit pas le mal là dedans ; les hybrides sont des animaux et les animaux sont fait pour divertir les humains. Alors même s'il a conscience qu'il faut éviter d'ébruiter ce genre de pratiques devant le grand public, il estime que c'est juste de la mauvaise foi de la part des gens et que son attraction n'a rien de si terrible. Après tout, ce n'est pas comme s'il achevait ces pauvres erres. Ce n'est qu'un jeu, et les hybrides qu'il choisit devraient s'estimer heureux de pouvoir se dégourdir les jambes.

« Monsieur Anderson ? Votre interview avec la journaliste du Times va bientôt commencer. Elle vous attend dans le vestibule. »

L'homme hoche la tête, ajuste sa cravate et congédie sa secrétaire d'un mouvement de la main en lui indiquant de faire entrer la journaliste à sa suite. Il se ré-installe correctement dans son fauteuil et referme le dossier qu'il avait sous les yeux pour le poser bien droit sur une petite pile de documents dans le coin de son bureau.

« Bonjour Sénateur, je vous remercie de m'avoir accordé cette entrevue. »

Un sourire poli vient éclairer le visage concentré de notre concerné tandis que la jeune femme prends place en face du bureau sur le siège qui lui est indiqué.

« Si vous voulez bien, nous allons commencer les questions. »

Il hoche la tête, croisant les doigts tout en posant les coudes sur son bureau.

« Tout d'abord, je voulais vous féliciter pour votre campagne électorale qui vous a mené au rang de sénateur. Vos parents, s'ils étaient encore là pour en parler, qu'auraient-ils pensé de votre victoire écrasante au Sénat ? »

Plongeant son regard d'acier dans celui de son interlocutrice, il prend le temps de bien peser ses mots avant de lui répondre.

« Ils seraient fiers, c'est certain. Surtout mon père. Lui et moi avions beaucoup de points communs et la politique en faisait partie.

– Et votre mère ?

– Elle était d'une grande bonté, dont j'ai apparemment hérité selon les dires de certains. Je suis fier d'être son fils, c'était une grande dame, toujours élégante. Je me souviens des petits chapeaux qu'elle portait lorsque nous sortions de la ville pour aller dans notre résidence secondaire à la campagne. »

Un petit rire plein d'émotion vient ponctuer son discours ; évidemment, tout cela est de la comédie. Il se souvient de son père comme un homme froid et calculateur qui ne vivait que pour agrandir sa richesse et l'étendue de son pouvoir, quant à sa génitrice elle n'était que façade et fausse gentillesse pour bien paraître devant les médias. Après tout, il ne mentait pas lorsqu'il disait avoir beaucoup de points commun avec eux... Mais il ne s'estime pas malheureux de sa vie, loin de là. Il a grandi dans le luxe et le confort dont tout le monde rêve, a fait de grandes études dans des écoles prestigieuses, a réussi ses examens avec brio, n'a jamais eu de problèmes de santé importants ; en bref, une vie dans la haute société avec toute l'hypocrisie qui l'enrobe. Il ne manquait pas pour autant d'attention, même si l'amour de ses parents était sûrement hypocrite lui aussi, il avait sincèrement gagné leur respect et leur fierté. Alors c'est tout ce qui lui importait.

« Vous avez un frère plus jeune, n'est-ce pas ? »

La question est rhétorique, aussi il se contente d'un vague mouvement du menton.

« Est-ce que vous êtes encore en lien avec lui ? »

Hyde caresse son menton distraitement avec son pouce et son index, songeant à l'époque où ils vivaient encore tous ensemble dans la demeure familiale. Il avait toujours eu les faveurs de ses parents là où son frère s'acharnait à entrer dans les bonnes grâces de ses parents ; leur caractères étaient diamétralement opposés et finalement, la vie avait mené le plus vieux vers la politique et le plus jeune vers une vie d'artiste que sa famille déplorait.

« Les histoires de famille ne sont jamais simples. Disons que nous partageons peu d'intérêts en commun. »

Un petit sourire timide vient masquer le véritable mépris qu'il ressent ; c'est une réponse de politicien, pas une réponse honnête. Pour dire vrai, l'état de son frère lui importe peu. Il a fait son choix lorsqu'il a décidé de quitter la haute société pour devenir cet artiste aux créations se voulant provocatrices de la morale.

« Bien sûr, mais vous avez gardé contact lorsqu'il s'est éloigné de votre famille ? »

Non, la réponse est évidente. Mais il tourne encore un peu autour du pot avant de finalement déclarer.

« C'est un sujet douloureux, la vérité est qu'il me manque souvent. C'est mon petit frère après tout, j'aurais aimé pouvoir le protéger de la dureté de la vie. »

Sortez les violons, voilà la tirade de l'homme au grand cœur. Le concerné se serait étouffé avec consternation s'il s'était trouvé dans la pièce à cet instant. Comme si son grand frère avait déjà eu de la considération pour lui... Quoi qu'il y avait bien eu une époque où leurs jeux innocents d'enfants les menaient vers de grandes batailles contre des troupes imaginaires. Mais la candeur de l'enfance avait très rapidement laissé la place à la dureté du monde des adultes. Ils s'étaient construits en fonction de l'éducation de leurs parents ; l'un la suivant avec assiduité pour devenir quelqu'un d'important, l'autre délaissant rapidement la voie conventionnelle en réalisant qu'il ne serait jamais ce que ses géniteurs attendaient de lui.

« Je vois, je suis désolée d'appuyer sur des sujets sensibles. J'en ai terminé avec les questions personnelles, je vais maintenant m'intéresser plus en détail à votre carrière. »

Il hoche de nouveau la tête en attendant la suite, venant croiser les jambes avec élégance dans son fauteuil.

« Vous êtes sorti parmi les premiers de votre master en Science Politiques de l'université George Washington. Est-ce que c'est une voie qui vous a toujours intéressé ou c'était pour suivre le modèle de votre père ? »

Il retient un sourire moqueur ; la petite dame a bien fait ses recherches, mais elle ne l'aura pas sur une question aussi simple.

« J'ai toujours connu la politique, d'aussi loin que je me souvienne. Cela dit c'est un intérêt personnel que j'ai porté à la chose dès que je fus en âge de la comprendre, aussi j'ai longtemps insisté auprès de mes parents pour suivre cette voie, même s'ils souhaitaient ardemment que je sois heureux dans mes propres choix quoi qu'il arrive. »

Leçon de manipulation numéro une ou comment encenser une situation qui était loin d'être aussi noble qu'il la décrit. S'il n'avait pas choisi une carrière dans ce domaine, il aurait probablement choisi la médecine ou quelque chose de prestigieux qui rapporte bien. Qui sait, il aurait peut-être même terminé dans les laboratoires de CHROMA à fabriquer des hybrides... Un petit sourire en coin lui vient à cette pensée, mais il reprend très vite contenance et attend la suite de son interview.

« Concernant votre programme politique, vous êtes ralliés à un parti qui n'est pas vraiment en faveur de l'égalité avec les hybrides... »

La jeune femme semble hésitante à entrer sur ce terrain glissant, si bien qu'elle laisse sa phrase en suspend un instant. Le regard de l'homme se fait plus insistant, comme s'il cherchait à la décourager de poursuivre dans cette direction. Une tension vient peser dans la pièce, ainsi que sur les épaules de la journaliste qui risque peut-être son emploi.

« Je n'entends aucune question. »

Déclare-t-il avec un sourire ravageur qui cache des intentions terriblement dangereuses.

« O-Oui, excusez-moi. Est-ce que votre position sur les hybrides est amenée à changer durant votre mandat ? »

Conservant le même rictus, il s'enfonce dans son siège et croise les bras derrière sa tête, ne quittant pas des yeux son interlocutrice qui semble vouloir disparaître derrière la tapisserie.

« Vous savez, je n'ai rien contre les hybrides. Ce sont nos confrères et dans la grande guerre de l'évolution, je pense qu'il seront des alliés de choix. Mon programme vise surtout à faire en sorte que les humains ne soient pas laissés pour compte dans cette histoire, que personne ne vienne écraser les autres sous prétexte d'une quelconque supériorité. »

Ha ! La blague ! Il aurait pu se tordre de rire sur son siège s'il n'avait pas un parfait contrôle de ses émotions. Quelle connerie... Vraiment, s'il pouvait il les mettrait tous dans une grande cage et ne sortirait de là que les plus dociles pour s'en servir de personnel pour les tâches ingrates. Quoi qu'il en soit, la situation semble avoir suffisamment mis à mal la journaliste qui décide de clore le sujet et d'enchaîner sur quelque chose de plus léger.

« Très bien, nous attendrons la prochaine conférence que vous donnerez pour en apprendre plus sur votre programme. Un dernier point que je souhaitait soulever avec vous avant de terminer cette entrevue ; on ne voit personne à votre bras et l'audimat se demande si une madame Anderson existe quelque part ou si vous êtes un cœur à prendre ? »

Charmeur, il s'autorise un petit sourire satisfait et vient se redresser dans son fauteuil.

« Je crois beaucoup en l'amour, c'est une valeur forte que mes parents m'ont enseigné. Ma vie ne me permet pas de chercher activement la future Madame Anderson, mais je suis persuadée qu'elle m'attend quelque part et que lorsque je la rencontrerais, ce sera une évidence. »

Son discours semble avoir convaincu la petite journaliste qui affiche un air assez ému à ces paroles. C'est vrai que quand un homme d'une telle stature vous enrobe d'un récit sur l'âme soeur, il y a de quoi avoir le cœur qui flanche. Le regard de Hyde se fait plus doux, presque enjôleur, alors qu'il fait en sorte de laisser une bonne impression à son interlocutrice qui clos l'interview en le remerciant infiniment pour son temps. Il la raccompagne jusqu'à la porte qu'il lui ouvre pour la laisser passer, puis referme derrière elle avant de se diriger vers la fenêtre, les mains croisées dans le dos.

Une chose est sûre, il compte bien lutter activement pour sa véritable cause...